Difficile de commencer à parler d’Iconoclasts sans évoquer sa longue genèse qui remonte à 2009. Ce qui n’était alors qu’un prototype a longtemps évolué sous les radars. En 2012, le jeu sort en alpha et son créateur – Joakim « Konjak » Sandberg – évoque (ironiquement ?) une sortie en 2016. En 2015, le jeu a le droit à une nouvelle présentation en grande pompe, mais ne mentionne plus aucune date de sortie. Pourtant, la direction artistique est déjà là, le chara-design et les beaux sprites aussi, mais il faut attendre janvier 2018 pour voir le jeu sortir, et août 2018 pour qu’il arrive sur Nintendo Switch. Heureusement, cette longue attente n’était pas vaine !
Un jeu qui roule des mécaniques ?
La première chose qui frappe, c’est évidemment le soin extrêmement minutieux apporté à tous les aspects visuels du titre, à commencer par les sprites et leurs animations. Chaque élément de décor, chaque personnage, chaque portrait et chaque image de fond a fait l’objet de toutes les attentions. On apprécie d’autant plus que l’interface sache rester aussi discrète que fonctionnelle et que les effets visuels ne dénotent jamais. Avec ses couleurs saturées qui rappellent Ristar et sa patate qui évoque Metal Slug, on croirait Iconoclasts tout droit sorti des années 90. Ce pixel art parfaitement maîtrisé nous rappelle parfois Owlboy, un autre jeu indépendant dont le développement a été particulièrement long.
Mais si presque tous ces éléments graphiques semblaient déjà en place en 2012, à quoi ont servi les années de gestations supplémentaires ? On imagine que c’est le fond de l’histoire qui en a le plus bénéficié. Vous incarnez Robin, l’une des dernières mécaniciennes dans un monde où une chasse aux sorcières s’abat sur tous les bricoleurs du dimanche. Rapidement, le scénario s’emballe, une fuite en avant se met en œuvre et nous voilà à devoir réparer la planète tout en luttant contre l’obscurantisme. Petit à petit, une large palette de personnages mémorables et attachants se dévoile au travers de dialogues assez léger. Malgré tout, des thèmes lourds viendront marquer l’aventure de Robin : le fanatisme religieux, l’écologie ou encore l’héritage familial. Le jeu a beaucoup à dire et ne manquera jamais de vous dévoiler les rouages de son univers, c’est pourquoi on regrette que la traduction française soit un peu maladroite. Si cela ne vous rebute pas, on vous recommande plutôt de jouer en anglais.
Malgré la variété des personnages, des thèmes et des situations, c’est assurément Robin qui porte le casting. Je vous invite d’ailleurs à arrêter votre lecture quelques secondes pour aller remercier Konjak sur Twitter, car en plus d’évoquer habilement des thèmes importants, il propose une héroïne forte, indépendante, non sexualisée, blonde, mécanicienne et pleine de bonnes valeurs. Une bouffée d’air frais qui fait du bien !
Une mécanique bien huilée
Côté gameplay, Robin ne part pas de chez elle les poches vides. Vous commencerez l’aventure avec une énorme clef à molette et un petit pistolet. Votre équipement évoluera petit à petit au fil de l’aventure, mais ces deux objets illustrent très bien les deux composantes principales d’Iconoclasts. D’un côté, votre clef à molette vous permettra d’actionner des mécanismes, de vous agripper à des boulons, d’utiliser des tyroliennes… bref c’est l’outil de prédilection pour toutes les phases d’exploration et son utilisation sera primordiale pour résoudre les nombreuses énigmes, souvent malignes, que vous allez rencontrer durant votre périple. De l’autre côté, les pétoires sont là pour dézinguer les ennemis et tenir en respect les nombreux boss qui occuperont généralement une bonne moitié de l’écran, dans des scènes d’action complètement débridées et parfaitement mises en scène. Rapidement, vous réaliserez cependant que tout n’est pas aussi binaire et que votre équipement est très polyvalent. Votre clef à molette permet d’effectuer des attaques au corps à corps ou, une fois électrifiée, de vous éclairer. Quant à vos pistolets et explosifs, ils s’avéreront nécessaires pour débloquer des passages et résoudre des énigmes.
À moins d’être allergique à la plateforme 2D ou aux shooters à gros sprites, vous devriez trouver votre bonheur dans Iconoclasts puisque le jeu réagit au doigt et à l’œil et que sa balance entre les phases d’exploration et d’action a été réglée minutieusement. Dès que le jeu s’attarde un peu trop dans une phase calme, l’un des vingt boss viendra renouveler l’aventure à l’aide d’un combat épique. Les transitions entre ces différentes phases permettent généralement de faire avancer l’intrigue qui s’étale sur une douzaine d’heures.
Notez aussi qu’un système d’améliorations est présent dans le jeu. Ces power-up s’équipent au pied de statues et se craftent à l’aide de matériaux récoltés petit à petit. Les bonus conférés sont variés (déplacements plus rapide, apnée prolongée, protection contre une attaque etc.) mais leur implémentation est un peu maladroite et on a vite le sentiment que l’impact sur le gameplay reste minime. Les améliorations offriront un petit coup de pouce aux joueurs n’osant pas passer le jeu en mode facile (vous pouvez modifier la difficulté à chaque chargement de votre sauvegarde) ou à ceux qui tenteront le mode difficile.
La mécanique du cœur
Avant de conclure ce test, précisons qu’Iconoclasts se porte comme un charme sur Switch, aussi bien en mode docké qu’en mode portable. Le jeu a un punch d’enfer en toutes circonstances et ne décroche jamais des soixante images par seconde. Les animations sont fluides et les patterns des ennemis sont toujours lisibles. On apprécie énormément !
Ceux qui auront envie de prolonger l’expérience apprécieront sans doute la présence d’un New Game + ainsi qu’un mode Défi où le moindre dégât provoquera votre mort. Puisque le jeu a beaucoup de coffres cachés, ces options offrent deux relectures un peu différentes à Iconoclasts. Mais aurez-vous envie de vous relancer dans l’aventure ? À nos yeux, l’histoire de Robin est très sympathique à découvrir, mais appelle assez peu à la rejouabilité. D’une part, parce que la plupart de ses secrets sont assez peu gratifiants, d’autre part parce que les déplacements d’un bout à l’autre de la carte sont parfois longuets.
Ce que l’on garde en tête après avoir terminé Iconoclasts, se sont toutes les premières fois proposées par le jeu. Les rencontres avec cette galerie de personnages charismatiques, les premières secondes dans de nouveaux environnements ou encore chacun des boss. De notre côté, on préfère garder en tête les très beaux souvenirs du premier run et revivre certains des moments le plus forts via le mode boss-rush. Mais si l’envie vous prend de replonger encore et encore dans cette histoire, alors foncez car c’est sans doute ce qu’Iconoclasts a de mieux à proposer.
Notes
Conclusion
Joakim Sandberg aura passé pas loin d’une décennie à créer son jeu et il est indéniable qu’il y a mis beaucoup de lui. Difficile de lui en vouloir lorsqu’on repense aux qualités portées par Iconoclasts. Malgré quelques petites choses moins réussies que d’autres, l’aventure de Robin est autant un très bel hommage aux jeux des années 90 qu’un titre moderne que l’on peut mettre entre toutes les mains. Avec ses scènes marquantes, son histoire intéressante, ses personnages attachants et sa prise en main réussie, Iconoclasts vous fera vivre une aventure mémorable.
Review réalisée sur la version 1.15h gracieusement fournie par Joakim Sandberg.
Iconoclasts est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch depuis le 02/08/2019 pour 19,99€.