Issu d’une campagne de financement participatif largement réussie en 2014, le premier volet de The Banner Saga a fait son arrivée sur l’eShop de la Nintendo Switch. Voyons ce que ce RPG tactique a à offrir aux joueurs de la joyeuse console hybride.
Un univers vaste
L’histore de The Banner Saga comprend deux volets parallèles. On suit en effet les (més)aventures de deux caravanes différentes aux destins pourtant intimement liés. Le soleil a pris sa résidence d’été dans le ciel et ne se couche bizarrement plus, cette situation appelle les habitants de ces contrées enneigées à se poser pas mal de questions. Pour ajouter à cette situation déjà préoccupantes, d’anciens guerriers tout en pierre, les Dredges, ont décidés de revenir en force pour décimer les Hommes et autres Varls qui peuplent les terres du jeu. Cet arrivée imminente de la guerre pousse les deux populations à entamer un exode massif pour espérer survivre et dénouer les questions désormais omniprésentes.
Les Varls, espèces de géants à cornes pouvant vivre plusieurs centaines d’années ont déjà repoussé les attaques des Dredges il y a quelques temps. Ils seront d’une grande aide aux Humains, considéré comme jeunes et insouciants par les valeureux guerriers. Ils devront combattre cote à cote et coute que coute pour repousser les attaques des Dredges. Nous prendrons part à deux caravanes, celle de Rook, sa fille Alette fuyant leur village déjà ravagé par les Dredges ainsi que celle de l’Humain Ludin qui est accompagné de Varls coopératifs jusqu’à un certain point.
Un gameplay simple d’accès
Le jeu commence par une belle introduction qui permet de mettre en place l’ambiance du jeu et d’introduire simplement le cycle des phases de jeu que l’on suivra inlassablement au cours de l’aventure. On commencera par suivre des phases de dialogue, on entrera ainsi au coeur de l’histoire et des personnalités des personnages. Il faudra également faire des choix lors de ces étapes d’échanges entre les différents protagonistes, ce qui permettra d’accroitre notre poids en tant que chef (ou pas). Lors des déplacements de la caravanes, il nous sera demandé de faire des choix stratégiques comme envoyer des soldats en avant, garder les troupes ensemble ou encore corriger quelques énergumènes qui n’en font qu’à leur tête dans les rangs.
Lors des haltes, on profitera que le campement soit installé pour s’occuper de nos groupes de combattants. On pourra gérer leurs blessures éventuelles, leurs attribuer des points de force, santé ou leur fournir quelques objets augmentant leurs capacités au combat. Finalement, on entrera dans les phases de bataille au tour par tour durant lesquelles il faudra gérer au mieux tous nos protagonistes. Les phases s’enchainent de nouveau cycliquement, dans un rythme assez lent, même lors des combats, ce qui pourrait finir par lasser certains curieux non habitués au genre.
Des choix et des conséquences
Chaque étape du jeu demandera au joueur de faire des choix. On pourra rencontrer un groupe d’exilés et il nous sera demandé de les accepter ou non dans notre caravane. Là où ils pourraient apporter du sang frais au groupe, ils seraient des bouches supplémentaires à nourrir et ils pourraient également se retourner contre nous quelques jours plus tard et emporter pas mal de nos richesses avec eux. Un groupe de marchands pourrait tout aussi bien nous proposer des vivres en remerciement d’une bataille gagnée, mais ceux-ci n’apporteraient-ils pas des maladies au sein de nos troupes ? On ne sait jamais vraiment si nos décisions seront les bonnes ou pas, mais il faut s’impliquer à chaque instant et cela permet de s’approprier l’histoire. Les déplacements des caravanes sont automatiques mais le scénario change vraiment en fonction de nos choix. Le jeu étant totalement traduit en français, on apprécie vraiment de plonger dans l’univers complexe du jeu et les décisions compliquées à prendre en ayant des centaines de protagoniste à mener vers la victoire.
Il faudra donc gérer les vivres à disposition pour nourrir tout ce beau monde et veiller à garder le moral des troupes au plus haut. Cela est impacté par les décisions que l’on prend lors des déplacements, les victoires sur le champs de bataille mais aussi dans le temps que l’on prend à se reposer dans les campements. Se reposer consomme cependant des vivres donc l’important est de pouvoir trouver le bon équilibre. La monnaie du jeu est la renommée que l’on gagne lors des combats où en prenant des décisions positives pour le groupe. Elle permet d’acheter de la nourriture mais également d’agrémenter les combattants de point d’amélioration. Chaque décision, victoire ou défaite au combat entrainera des conséquences au niveau du scénario que vous devrez gérer au mieux pour garder votre caravane au mieux de sa forme. Ici, pas de game over si vous perdez un combat, vous ne pourrez pas le recommencer, vous devrez rebondir sur la situation et tenter de gérer votre ressources pour redresser la barre.
Une présentation atypique
Le système de combat au tour par tour semble classique au premier abord mais propose là aussi une profondeur intéressante. Chaque faction s’affronte à 6 combattants chacune maximum et l’ordre d’attaque est déterminé avant le début du combat. Chaque protagoniste présente deux jauges distinctes, une jauge de force et une d’armure. On pourra choisir d’attaquer l’armure en premier pour asséner des attaques plus rapidement mortelles par la suite ou à l’inverse se ruer sur les points de force quitte à devoir taper plus longtemps. A cela s’ajouter la troisième jauge de volonté qui permet, lorsque l’on décide de l’utiliser, soit d’allonger le déplacement du personnage, soit sa force de frappe. Il faut là aussi bien doser ses choix pour tenir le choc face aux assauts des ennemis. Les diverses classes permettront également d’établir une stratégie, les Varls frappant fort à très courte distance tandis que les Humains pourront être amenés à manier la lance ou l’arc et se tenir plus ou moins loin des ennemis.
The Banner Saga revêt une esthétique digne d’un film d’animation Disney de l’époque de La Belle au Bois Dormant. C’est très atypique et étonnant mais à la fois extrêmement plaisant. Les animations sont fluides lors des déplacements et des combats, même si les attaques ne sont pas forcément alignées avec les ennemis. Les phases de dialogue seront par contre un peu moins flamboyantes, avec uniquement une esquisse des protagonistes avec seulement un détail animé. Certain auront la barbe qui vole doucement au vent ou d’autres lanceront parfois un regard en coin. C’est subtil mais cela permet de se concentrer sur le texte et l’histoire dans laquelle on se sent d’abord complètement perdu. On apprend ensuite qui est qui et les buts politiques des uns et des autres et l’on profite vraiment de l’excellente écriture du jeu. La bande-son sait se faire très discrète lors des dialogues pour s’enflammer lors des combats. On tirera notre chapeau au talent du formidable Austin Wintory qui a de nouveau signé une OST digne des plus grandes productions cinématographiques.
Notes
Conclusion
The Banner Saga est le premier volet d’une trilogie qui pose les bases d’une grande histoire aux aspect sociaux et politiques marqués. On se perd un peu au début mais l’effort de s’imprégner des différentes personnalités du jeu permet de vraiment profiter de ce RPG Tactique simple à prendre en mains et plus complexe à maitriser. Chaque décision prise dans le campement, en route ou sur le champ de bataille a des conséquences qu’il faut ensuite assumer. La gestion du grand nombre de voyageurs dans notre caravane est indispensable et demande de peser le pour et le contre à chaque instant. Passé la bonne dizaine d’heures qu’il faudra pour finir le jeu dans sa difficulté normale, la replay-value est bien présente en choisissant les choix des protagonistes, l’aventure devient alors tout autre. Une excellente pioche pour les amateurs du genre qui n’ont pas peur du rythme assez lent du jeu.
Review réalisée sur la version 1.0.0 gracieusement fournie par Stoic.
The Banner Saga est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch depuis le 17/05/2018 pour 19,99€.